
Le flacon importe
Pourquoi tu tournes ?
Pour ne pas geler sur place
Pour lutter contre l’effroi
Car bien souvent mon sang se glace
A la vue du noir qui nous broie
Paroxysme de l’incohérence
Au cœur d’un monde anesthésié
Le souffle de l’indifférence
Effrite lentement l’humanité
On souille sans cesse le silence
D’un vacarme qui nous abrutit
Le cynisme s’habille d’éloquence
Et les rires couvrent les cris
Je ne peux pas, je dois, il faut que
Les mêmes refrains nous poursuivent
Ce qu’on nous enseigne le mieux
C’est l’emploi de la voix passive
Le vacarme est partout
Nous étreint, nous enserre
S’infiltre lentement en nous
Nous étouffe, nous lacère
Tout se résume à une façade
Dans les affres des mondanités
Où les consciences s’enlisent, si fades
Le vide, par le vide est comblé
Le vacarme nous surcharge
Alourdit les esprits
Nous écrase, nous rend barges
Il nous broie sans merci
Amer substitut de vie
Quotidiens voilés de mensonge
Les regards se croisent et se fuient
Sans admettre ce qui les ronge
Le vacarme éternel
Nous écorche à sa guise
Nous déchire, nous martèle,
Nous fissure et nous brise
Piégé dans ta course effrénée
Tu rêves du monde qu’on t’a promis
Seulement la ligne d’arrivée
N’est qu’un mythe comme les autres, ami
Saisir au milieu du naufrage
Les débris de sa détresse
Pour faire un refuge de sa cage
C’est ça, l’ivresse
Agripper soudain la folie
S’abandonner à ses transports
Cueillir quelques perles de vie
Sur les reliefs qu’on sent éclore
Planer sans fin au gré du vent
La foi pour mât, et l’âme pour voile
Réapprendre à être enfant
Et se suspendre aux étoiles
Dissoudre par un rire extatique
Tout ce qu’on n’a jamais compris
Oublier jusqu’aux lois physiques
Car toute règle se défie
Tout devient flou, les couleurs dansent
Le vacarme n’est plus qu’un écho
Tout se résume à un seul sens
Trop vaste pour tenir dans un mot
C’est ça l’ivresse.
A vous d’embrasser votre ivresse
La vraie, pas celle de l’industrie
Qui nous étourdit sans noblesse
Nous emprisonne et nous aigrit
L’Ivresse, qui dessine d’un trait
L’envergure de l’aile déployée
Qui nous portera au sommet
D’une extase dont nul n’a la clef
Ivresse,
Oublier le poids de ses chaînes
Et juste bâtir à son gré
Un navire sans capitaine
Voguant vers la liberté
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