« Juger, c’est ne pas comprendre »
Malraux
C’est si facile d’oublier
Laissant l’œil vagabonder
Que ce qui nous apparaît
N’est pas le monde tel qu’il est
C’est le monde que l’on repeint
Avec notre propre existence
Les couleurs ancrées dans nos mains
La saveur de nos expériences
Un point de vue ne reste qu’un point
Sur l’esquisse d’une réalité
Une seule nuance de l’être humain
Sur le portrait d’une vérité
Juger hâtivement ce qu’on voit
C’est perdre l’occasion de s’instruire
Vouloir remplir le monde de soi
Plutôt qu’accepter de s’ouvrir
Proclamer un absolu
C’est nier son droit à autrui
S’enfermer dans le refus
Et ouvrir la porte aux conflits
Conscience de son propre regard
Et de sa subjectivité
Qui à notre insu nous égare
D’une conclusion précipitée
Retenir la condamnation
Qui monte aux lèvres instinctivement
Accepter d’entendre l’opinion
Afin d’étudier ses fondements
Comprendre avant de contredire
Scruter avant de s’offusquer
Questionner plutôt que déduire
Faire le choix de dialoguer
De temps à autre l’esprit confond
Les faits et l’interprétation
Rappelle-toi toujours que les gens
Ne sont pas leur comportement
Ecouter afin de comprendre
Sans penser à répliquer
Ecouter vraiment, sans attendre
Sans guetter son tour de parler
Comprendre que derrière une façade
Un chœur insoupçonné rugit
Et que l’ombre d’un œil maussade
Masque parfois une agonie
Avant de catégoriser
Celui qui transpire la haine
Rappelle-toi que sa journée
N’était pas la même que la tienne
Avant de traiter de sale con
Celui qui se conduit comme tel
Pose-toi simplement la question
Des fardeaux que son cœur recèle
Comprendre ne justifie rien
Mais substitue la bienveillance
Et l’empathie pour un humain
A une escalade de violence
Laisser la vision de chacun
Sculpter mille facettes à toute chose
Comprendre en regardant plus loin
Que la toile que notre œil compose